Dans les combles de son château de Touraine, Mister « A » s’adresse à son chambellan qui vient de franchir la porte de sa chambre mansardée : « J’avais demandé à ne pas être dérangé Vous aviez reçu l’ordre de respecter mon choix de vivre reclus dans cette pièce. J’attends avec piété et dans le plus grand dénuement que Pivoine rentre de vacances. Encore un mois à tenir.»
- Sire ! Nous venons de recevoir une missive. Elle vous est adressée. C’est une écriture féminine. Nous pensons que...
- Montrez-moi cela. Mais je doute que cela vienne de Pivoine. Elle est dans une région où il n’y a pas de pigeons voyageurs. De plus, elle a dû mal à exprimer certaines choses, comme vous avez déjà pu le remarquer.
J'essaie de t'oublier avec un autre,
Le temps ne semble pas gommer tes fautes,
J'essaie mais rien n'y fait
Je ne peux pas, je ne veux pas, je n'y arrive pas…
Je ne l'aime pas comme toi.
J'essaie de me soigner avec un autre,
Il tente en vain de racheter tes fautes.
Effectivement, c’est sa gracieuse écriture. Ces paroles sont extraites d’une ode à l’amour, fort prisée à Paris. J’aime beaucoup ces choix musicaux. Pivoine écoute tous les genres musicaux : la farandole, la guinguette, les chansons de geste, la musette. Certaines chansons la touchent plus que d’autres. Elle tient à les partager avec moi selon le message qu’elle souhaite transmettre.
- Sire ! A quoi pensez-vous ? Vous me paraissez fort soucieux.
- Je m’en veux. J’aurais dû lui écrire des milliers de lettres pendant ses vacances. Mon vœu de silence était une erreur. Sans le savoir, je l’ai soumise à un régime littéraire hypocalorique d’une grande sévérité. Allez vite dans mon bureau et apportez-moi une plume et un encrier. J’ai beaucoup de choses à lui dire. Je me rends compte à quel point elle m’a manqué.