22 juin 2007
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1. Une diplomatie au service du développement économique : Talleyrand
Talleyrand était le diplomate de la classe bourgeoise ascendante, tout au début de la Révolution française, aux temps de l’offensive victorieuse du
capital et de la chute de la féodalité.
La diplomatie moderne est née entre le XIVème et XVème siècle à l’époque de la formation et du renforcement graduel des grands Etats nationaux. Avant
cela les suzerains féodaux jouissaient d’une véritable indépendance à l’égard du pouvoir royal ou impérial. L’Europe du moyen âge était en fait constituée d’une myriade de petits états
minuscules. La diplomatie au sens propre du terme n’existait pas.
Grâce à l’émergence progressive d’une véritable classe bourgeoise en Hollande et en Angleterre, qui commençaient à exercer une grande influence sur le
pouvoir politique, à partir du XIVème siècle on vit apparaître une diplomatie nationale au service des Etats pour la défense de grands intérêts économiques nationaux, comme la possession de
riches contrées d’outre-mer. Dans un contexte de lutte pour l’hégémonie économique en Europe, la diplomatie était devenue un instrument habile pour s’emparer de terres, ou pour préparer la guerre
dans les meilleures conditions.
Au XVIIème et XVIIIème siècle, à part quelques exceptions comme Richelieu, la diplomatie des grands Etats de l’ancien régime
s’est limitée à satisfaire la volonté et les caprices des chefs d’Etat, qui étaient des monarques absolus. Des monarques otages de la noblesse et des aristocrates terriens, opposées à toute
reforme sociale, comme l’abolition du servage, etc. Sous l’ancien régime, la politique extérieure devint le domaine héréditaire et le monopole des lignées aristocratiques, qui s’efforçaient de
défendre par tous mes moyens les intérêts particuliers de leur classe sociale, allant jusqu’à trahir les souverains ou chefs de gouvernement qui se sont montré trop réformateur, comme Josef II en
Autriche.
Sous la Révolution en 1789 et durant toute sa carrière diplomatique, le prince de Talleyrand-Périgord a été le premier à intégrer dans sa stratégie et
ses actions la notion de « nécessités historiques ». Il a su prévoir d’emblée avec une intuition infaillible, la chute de la noblesse –avec ses privilèges féodaux- et de l’aristocratie
terrienne –avec ses intérêts de castes- au profit de la bourgeoisie triomphante. Cet homme trahit et vendit tour à tour tous ceux qui utilisèrent ses services, ce caméléon dépourvu de toute
conviction et de toute conscience selon ses contemporains, ne trahit jamais la classe bourgeoise victorieuse. En ce sens, personnellement je le considère comme le père des démocraties
modernes, dont le principal moteur est la classe moyenne, héritière de l’Etat bourgeois qui -en France- a été fondé par la Révolution.
Talleyrand avait compris que le temps était venu où il fallait compter sur les banquiers et non avec la maîtresse du roi, avec des titres en bourses,
et non avec des correspondances intimes interceptées, etc.
Quelle diplomatie faut-il avoir, quand nous savons que l’objectif principal que l’Afrique doit se fixer est le développement économique ?
Pour la R D Congo, mon pays, il faudrait des diplomates bien plus forts que Talleyrand. Au Congo, il ne suffit pas d’intégrer la notion de
« nécessités historiques », il s’agit de créer une histoire inédite. Il ne suffira pas non plus d’accompagner une nouvelle classe sociale triomphante grâce aux progrès économiques, il
faudra créer de toute pièce une classe d’entrepreneurs modernes.