22 juin 2007
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Recherche d’une source saine de financement
En France à l’automne 1789, la question financière inspirait à l’assemblée constituante d’accablantes préoccupations. Il allait falloir recourir
massivement à l’émission de papier-monnaie, pour lequel il convenait de trouver une certaine couverture, en d’autres termes il fallait trouver des financements. En pleine Révolution bourgeoise,
il était évidemment hors de question de demander une aide financière aux pouvoirs royaux voisins. Les immenses biens fonciers de l’Eglise catholique en France pouvaient constituer cette garantie.
Il s’agissait d’enlever ces biens au clergé et de les attribuer au fisc. Mais ceci n’allait pas sans poser quelques difficultés.
La bourgeoisie triomphante ne voulait pas créer un fâcheux précédant, il fallait préserver le principe sacro-saint de l’inviolabilité de la propriété
privé. Elle l’avait tant de fois et si éloquemment proclamé, confirmé, inculqué, glorifié. En même temps la bourgeoisie craignait que les masses laborieuses qui l’avaient soutenue jusqu’à présent
ne détourne leur attention de la prise de la Bastille pour porter leurs regards sur les manufactures, les immeubles, les comptoirs de change, etc.
Il y avait un risque qu’après l’expropriation de l’énorme domaine foncier de l’Eglise, certains parlementaires pris par un excès de zèle soient tentés
de réclamer le partage de toutes les grandes propriétés foncières, y compris celles appartenant à la haute bourgeoisie naissante.
En plus cette expropriation touchait un ordre puissant, remarquablement organisée, qu’il ne fallait pas sans réfléchir aux conséquences se mettre à
dos. L’Eglise bien que liée à l’ancien régime, ne s’était pas encore rangé complètement du côté des ennemis de la Révolution.
Sans la confiscation de cette colossale richesse foncière, le mouvement révolutionnaire allait vers une débâcle financière. Comment faire ?
A cette époque, la Banque Mondiale et le FMI n’existaient pas. Les révolutionnaires n’avaient pas non plus créé des organismes d’expropriation comme en
RDC sous Laurent Kabila : Office des biens mal acquis, OBEMA en sigle. Ils ont aussi refusé de recourir abusivement à la planche à billet.
Le 10 octobre 1789, l’évêque d’Autun, également appelé le prince de Talleyrand-Périgord, sans en avoir prévenu aucune des autres personnalités
ecclésiastiques, inspiré par les seuls élans de son cœur, avait déposé devant la Constituante une motion tendant à remettre à la nation les biens-fonds de l’Eglise. Dans le préambule du projet de
loi d’expropriation, il précisa que le clergé n’étant pas propriétaire à l’instar des autres propriétaires, la nation pouvait donc hardiment s’emparer de ses biens sans violer le principe du
respect de la propriété.
La Révolution française a réussi entre autres raisons parce qu’elle a pu trouver une façon économiquement saine de se financer.
Les grands principes de macro-économie et de micro-économie sont connus. Il faut les respecter.
Imaginons si la Banque Mondiale et le Fmi existaient en ce moment-là, est-ce que la France aurait réussi sa Révolution ? On aurait probablement
imposé à la France le fameux programme d’ajustement structurel qui a ruiné les économies africaines à la fin des années quatre-vingts. Ces organismes auraient sûrement exigé de la France un
DSRP : document stratégique pour la réduction de la pauvreté. La communauté internationale aurait peut-être pu imposer à la France de cette époque-là, comme elle l’a fait récemment pour la R
D Congo, des élections immédiates au suffrage universel. Cela aurait pu être « marrant » : on aurait vu les serfs, les manants, les va-nu-pieds, et autres saltimbanques
aller voter (avec quelle culture politique, et pour quel projet de société ?